Par dessus tout, j’aime jouer avec les mots. Chacun d’entre nous peut être poète, car finalement, c’est juste une question de regard porté sur le monde qui nous entoure. Prendre le temps de regarder vraiment, respirer, sentir, aiguiser nos cinq sens pour se sentir pleinement vivant. Les tout-petits savent si bien le faire. Dans ce monde qui va de plus en plus vite, ne devrait-on pas enseigner cela aussi aux plus grands. La poésie s’y prête particulièrement. Je vous propose une semaine en poésie, avec quelques-uns de mes textes.
Une semaine en Poésie
« Enfance«
Lundi,
Miracle de vie, Mireille Valant
Dans son écrin d’amour
Est blotti tendrement
Un petit bout de toi
Un petit bout de moi
Un petit bout de nous
Qui grandit doucement
Petit être fragile
Et si fort à la fois
Sous nos yeux incrédules
O miracle de vie,
Mon ventre rond ondule
Et ça nous attendrit
Bébé s’amuse un peu
Dans sa bulle aquatique
Semblant faire à toute heure
Un peu de gymnastique.
A l’abri des regards
Il prépare sa venue,
Comme elle est douce et belle
Cette joyeuse attente.
Mais voilà qu’il arrive
Et nous tenons, émus
Son petit corps précieux
Entre nos mains aimantes.
Mardi,
Le Square, Mireille Valant
Le square Saint-Germain prend des airs de fête
Quand l’enfance y pose ses pieds et ses mains.
Dans le bac à sable étranges dînettes
Châteaux éphémères mélangent leurs grains
Doucement la vie prend de l’assurance
Un petit vélo ôte ses roulettes
Les rires enfantins picorent le silence
Et les oiseaux chantent leurs amourettes
Une petite fille assise sur un banc
Compte sur ses doigts un peu maladroits
Ses quatre ans, déjà, et elle ne sait pas
Le temps délicieux de vivre au présent
L’herbe printanière reçoit les trois pas
Les premiers je crois, d’un enfant radieux
Un deux trois soleil, passe passera
La p’tite hirondelle sillonne les cieux
Et soudain résonne à ces ritournelles
Mon enfance enfouie ; je ne suis plus le chat.
Que valse la vie par dessus les toits
Une coccinelle
S’est posée sur moi.
Mercredi,
Une petite dent, Mireille Valant
J’ai une petite dent
Qui me chagrine
Quel événement
C’est une coquine
Dans sa cachette
Elle s’apprête sans fin
A-t-elle besoin
D’être si coquette ?
Mes parents la guettent
Et je m’impatiente
La future vedette
Est bien hésitante
Vite une carotte
Pour ma quenotte
Ou un petit bout
De caoutchouc !
Il faut que je croque,
Que je mordille,
Tapie dans sa coque
Elle me titille
Mais un jour enfin
Dans son tendre écrin
La jolie perlette
A sorti sa tête.
Jeudi,
UNE ABSENCE DE PIERRE, Mireille Valant
Aux portes de mes rêves, comme un murmure
Est-ce toi qui m’appelles, ta main qui se tend ?
Aux portes de mes rêves, comme un sourire
Est-ce toi qui est là, toi que j’entends ?
Un jour pourra-t-on se retrouver ensemble
Que ton visage enfin fleurisse dans ma mémoire
Saurais-je seulement si nos cœurs se ressemblent
A force d’y songer j’ai fini par le croire.
Je contemple la lune et dans ma rêverie
J’imagine ton regard qui sur elle s’est posé
Que de sa face immense elle me le réfléchit
Afin qu’en son éclat tout manque soit comblé.
Dans mes jeunes années je t’ai souvent écrit
Sur le sable des plages de Basse Normandie
Des lettres éphémères que les vents quelquefois
Emportaient dans leur flux pour les mener vers toi.
Hélas la terre est vaste et les vents infidèles
Se sont sûrement perdus dans l’infini du ciel
Tandis que j’espérais te voir tomber des nues ;
Je sais bien maintenant que tu ne viendras plus.
J’ai tant imaginé d’heureuses retrouvailles
Dieu que l’on peut rêver lorsqu’on est un enfant !
Au creux de ton absence j’ai tricoté des mailles
Glanées au coeur des contes pour aller de l’avant.
Mais un jour mes enfants évoquaient leur grand-père
Et j’ai vu dans leurs yeux leur regard déçu
Quand ils m’ont demandé « Raconte nous ton père »
J’ai juste répondu «Pierre. Je ne sais rien de plus ».
Vendredi,
Comptine de l'école, Mireille Valant
Dans ma classe je m’affaire
J’ai tant de choses à découvrir
Je chante, je danse, je fais des vers
Je commence un peu à écrire
Je m’amuse, je bricole
Je peins, je coupe, je classe, je colle
Et J’écoute des histoires
Qui ensoleilleront ma mémoire
A la récré on batifole
On court, on joue, on fait les fous
On se chamaille, on se console
Les rires, les pleurs, on partage tout
On a des crayons magnifiques
Mais la peinture je la préfère
Je fais des dessins fantastiques
Dont vous pouvez tous êtres fiers.
Chaque jour, voyez-vous ça
Je suis de plus en plus adroit
J’ai même percé le mystère
Des sacrées fermetures éclairs !
Et de contes en comptines
A la prochaine rentrée
Je m’en irai, copains-copines
Vers la grande école d’à côté.
Samedi,
Chez ma Nounou, Mireille Valant
J’ai dansé la Capucine
Au milieu de la cuisine
Et j’ai fait un grand dessin
Avec Marine et Martin
J’ai caressé un gros chat
Qui s’est approché de moi
J’ai trouvé un beau caillou
Une fleur rose et un p’tit sou
J’ai mangé des champignons
Des tomates et des radis
Et même un petit bonbon
Tellement bon mais si petit !
Je n’ai pas beaucoup dormi
Il faisait vraiment trop noir
Je croyais qu’un loup tout gris
Etait caché dans l’armoire.
Mais enfin tu me reviens
Alors je deviens coquin
C’est que je suis si content
De te retrouver Maman !
Tiens, voici la belle fleur
Que j’ai cueillie tout à l’heure
Mon dessin plein de couleurs
Où j’ai collé un gros cœur
Et puis le joli caillou
Regarde comme il est doux…
Quant au petit sou, tu sais,
C’est moi qui le garderai !
Dimanche,
Mon papa, Mireille Valant "à la manière de Pierre Ruaud"
Mon Papa Poule
Tu me fais des câlins
Quand j’ai du chagrin
Mon Papapillon
Nous partons en voyage
Dans mes livres d’images
Mon Papa Loup-Garou
Tu fais tes yeux d’orage
Quand je ne suis pas sage
Mon Papa Kangourou
Tu portes mes années
Quand je suis fatigué
Mon Papa Coucou
Voici pour ta fête
Un petit bisou
Chouette